NOTRE HOMMAGE À MICHÈLE
Même si une longue maladie, comme on dit, nous prépare sournoisement à la disparition d’un être cher, son décès sera toujours un moment de violence et de grande tristesse.
La personne n’est plus là et pourtant … on lui parle encore.
Michèle a souffert d’une maladie qui l’a diminuée progressivement au fil des années, sans aucun espoir de rétablissement. Ses fonctions vitales se sont éteintes les unes après les autres …
J’ai espéré, jusqu’à ses derniers jours, qu’elle puisse retourner dans l’établissement où elle était convenablement prise en charge, mais en vain…
Qui était Michèle ?
Michèle était une passionnée, passionnée par sa profession, par la musique à laquelle elle s’est adonnée dès sa prime jeunesse. Sa Maman, elle-même musicienne, lui a communiqué cette sensibilité que seuls les musiciens de haut niveau peuvent percevoir.
Tour à tour diplômée en France comme à l’International, elle a construit sa vie d’artiste en mêlant apprentissage au Conservatoire d’Antony et récitals à travers le monde. Elle a su transmettre sa passion pour le clavecin et la musique baroque à de nombreux élèves au travers de stages de formation _ souvent dans des lieux religieux, mis à disposition.
Mais Michèle n’était pas qu’une musicienne enfermée dans sa passion.
Sa posture altruiste, son comportement humaniste, la conduit tout au long de sa vie à s’occuper de personnes fragiles, en situation de précarité au travers de moulte associations caritatives. Mais sa générosité allait bien au-delà de dons financiers conséquents, car elle était un membre actif : que ce soit la visite de personnes en EHPAD, ou l’instruction du français auprès d’enfants étrangers ou son combat quotidien pour la maltraitance animale, Michèle ne voulait oublier personne. Décorée par la « Fondation Brigitte Bardot » ainsi que par « l’Ordre de Malte Suisse », elle continuera, même après sa mort, à apporter sa contribution.
Mais une générosité teintée d’une certaine innocence a ses revers.
Trop souvent entourée de personnes intéressées, elle s’est retrouvée abusée par des personnes « dites de confiance ». Michèle ne voyait pas le mal chez certains. Je vous invite modestement à protéger vos aînés, ils sont vulnérables.
Michèle avait un relationnel convivial… avec tous !
Durant ces cinq années durant lesquelles je me suis trouvée très près d’elle, nombreux ont été les retours d’une personne très agréable, minimisant ses besoins auprès des soignants et toujours ce sourire sur un visage en permanence ensoleillé.
Michèle pratiquait souvent un humour au 2nd degré, elle possédait l’art de la répartie, cet art qui a tant faire rire Marina et moi-même.
Je voudrai saluer et remercier en cette circonstance Marina qui s’est fort bien occupé de ma Tante lorsque je travaillais à l’étranger.
Très pieuse, Michèle a pratiqué sa foi tant qu’elle a pu le faire. Cependant, j’ai tenu à ce qu’elle assiste aux offices religieux en établissement de soins. Nous n’échangions pas souvent sur la foi en Dieu mais elle n’hésitait à me confier qu’elle priait souvent pour moi et Marina. Je l’en remercie.
J’ai respecté jusqu’à ce jour toutes les volontés de Michèle :
aucun acharnement thérapeutique, la célébration qui nous rassemble aujourd’hui ainsi qu’une inhumation auprès de ses parents.
Je dis souvent à des personnes en deuil dit « pathologique », que le deuil s’est apprendre à vivre sans l’autre et je prends cette allégorie qui parle d’un livre qui nous aurait plus, tellement plu qu’on l’aurait lu et relu plusieurs fois.
Une fois la dernière page tournée, Il nous faut alors poser délicatement le livre sur l’étagère,
il reste avec nous, à nos côtés
et l’on pourra s’y replonger autant de fois qu’on le voudra avec la même joie.
Michèle, ton livre sera toujours à côtés de nous.
Marc & Marina