Chère cousine, chère Annie,
Te voilà donc partie pour le pays de la tranquillité. Il n'y a guère que quelques semaines, au lendemain de Noël, nous nous remémorions toutes les deux nos années d'enfance, pendant la guerre 40-45. On se souvenait de nos ballades en vélo, avec ton frère Daniel. Ou de notre jeune inconscience quand nous regardions, du grenier de ta Maman à Savigny, le vol des bombardiers anglais et américains vers l'Allemagne - quel vrombissement continu! Ou du jour où, pleines de naïveté nous avions couru dans la direction de l'atterrissage d'un parachutiste allié - pour voir la Gendarmerie nous obliger à rapidement rebrousser chemin. Nous échangions aussi, comme souvent, sur nos expériences mutuelles en Afrique, toi à l'Ouest, moi, à l'Est...
Ces souvenirs me manqueront durement, mais ils resteront, te rendant vivante, d'une autre manière, avec nous...
Jacques se joint à moi pour te dire adieu, et présenter notre affectueuse sympathie à ta famille.
Arlette